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Nous pensons souvent que l’addiction et la dépendance se caractérisent uniquement par les conséquences d’un usage régulier et répété de substances toxiques, telles les drogues, le tabac ou l’alcool.
Cependant, il existe des addictions psychiques et comportementales comme celles liées aux jeux par exemple ou encore plus récentes et modernes comme celles liées aux smartphones.
La bigorexie ne vous dit rien ? Il pourrait s’agir d’un mélange entre les 2.
Vous connaissez très certainement dans votre entourage des personnes qui passent des heures à s’entraîner, qui s’entraînent quelque soit les conditions climatiques ou qui se conditionnent à ce que l’entraînement soit LA priorité absolue.
Déviance comportementale et obsessionnelle, addiction ? Certainement ! Mais encore ?
Drogué aux hormones cérébrales ? Shooté aux neurotransmetteurs ? Dépendance ? Sans aucun doute !
Quelles sont les causes et les conséquences de la bigorexie ? Sommes nous tous sujets à l’addiction aux activités physiques ? Rendent elles toutes accros ?

Définition

Préalablement, revenons sur l’étymologie anglophone de ce terme. Il s’agit d’un assemblage peu commun et moderne de l’anglicisme “big” et du grec “orexia”.

Donc nous pourrions traduire bigorexie par un gros appétit.
Antinomique d’anorexie, direz-vous ? Pas exactement toutefois, car le contraire de l’anorexie est plus justement la boulimie.
En réalité le terme de bigorexie est survenu dans les années 1970, lorsque le culturisme était tendance, à la mode.

Certains sportifs adeptes de culturisme et de body-building ne se satisfaisaient jamais de ce qu’ils avaient, c’est-à-dire du volume de leurs muscles. Ils s’entraînaient des heures durant, excessivement n’atteignant pas la satisfaction.

La bigorexie a été définie de façon très précise par le Centre d’Etudes et de Recherches en Psychopathologie (CERPP) de Toulouse et les universités de Toulouse et de Bordeaux :

« un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale ».

La bigorexie est une addiction que le docteur William Glasser a qualifié de positive en 1976.

En effet, le sport est valorisé et l’activité physique a toujours véhiculé des valeurs positives : intégration, mixité, abnégation, dépassement de soi, goût de l’effort, cohésion, etc.

De plus, cette dépendance est qualifiée “sans substance”, comme la dépendance affective par exemple, à l’opposé des drogues, alcools et médicaments.
En septembre 2011, la bigorexie a été reconnue comme maladie par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Pour autant, ne vous détrompez-pas, les conséquences de la bigorexie, également appelée sportoolisme par analogie à alcoolisme ne sont pas à prendre à la légère et vous allez comprendre dans cet article pour quelles raisons.

Symptômes de la Bigorexie

Comment et quand peut-on savoir que l’on devient accro au sport et à l’activité physique ?

Existe t-il des tests pertinents ?

De nombreux outils ont été mis en place comme par exemple l’International Classification of Disorders (ICD-9) ou le Diagnostic and Statistical Manual (DSM-IV-R).

En 2004, Terry a créé The Exercise Addiction Inventory. Ce questionnaire permet de classifier 3 groupes en fonction de leur potentialité à être dépendant ou non à l’activité physique.
Pourtant, aucun test ne s’est imposé comme référence valide.

En revanche, le sujet concerné comprendra par lui-même que quelque chose ne tourne pas rond… autour de la piste d’athlé !

Dans le cas où il peut continuer à pratiquer son activité favorite, le sportif se rendra compte que :

    • Les séances sont de plus en plus longues
    • Elles sont de plus en plus fréquentes, quotidiennes et parfois même bi-quotidiennes
    • L’entraînement devient de plus en plus contraignant
    • L’entraînement devient addictif
    • Le sujet est victime d’une perte ou d’une absence de plaisir à s’entraîner
    • Le sportif concerné fait abstraction des alertes et des douleurs physiques
    • Le sujet est en souffrance

    Lors de l'arrêt de la pratique, forcée (blessure) ou non (vacances), le sportif sera soumis à :

    • Frustrations, angoisses et anxiétés
    • Perte de repères
    • Agitations
    • Dérèglements physiques pouvant provoquer des tremblements
    • Dépression

    Causes de la Bigorexie

    Une étude publiée en 2002, par BLAYDON M, LINDNER K. intitulée “Eating Disorders and Exercise Dependence in Triathletes Eating Disorders” établit à 28% de la population non professionnelle pratiquant du sport et des activités physiques qui serait atteint de cette addiction.

    D’autres statistiques donnent des résultats différents. Pour autant, les chiffres sont toujours significatifs et tendent à montrer qu’il ne s’agit pas d’une population insignifiante.

    • Pourcentage de sportifs atteints de BIGOREXIE 28% 28%

    Quantitativement, si vous pratiquez des activités physiques au-delà de 10 heures par semaine, vous devez être vigilants. N’êtes vous pas dans l’excès ?

    La quantité d’heures attribuée à l’activité physique par semaine ne donne qu’une idée de l’implication du sportif.

    Il s’agira surtout de surveiller ou de détecter une déviance comportementale c’est-à-dire une addiction qui sera bien plus significative.
    Si le sportif ne se rend pas compte de sa maladie et de son comportement pathologique, un psychologue, psychiatre ou médecin n’aura pas de mal à identifier cette addiction.

    Les causes qui mènent à devenir bigorexique sont diverses :

    • Complexe d’Adonis ou dysmorphie musculaire : perturbation de son image corporelle : estime de soi, narcissisme

    • Circuit dopaminergiques : augmenter le circuit du plaisir, du bien-être et de la récompense

    • Stress, trop plein d’énergie, hyperactivité

    • Lutter contre un événement, pratiquer l’activité physique comme un exutoire, une échappatoire

    • Combattre un vide affectif

    Conséquences de l’addiction aux activités physiques

    Etre accro à l’activité physique ne se déclenche pas du jour au lendemain. Il s’agit d’un cheminement, d’un long processus.

    Mais une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage, au même titre que toutes les autres addictions, il est très difficile de s’en sortir !

    Les conséquences sont graves et lourdes :

    Baisse de l’espérance de vie

    Altérations de capacité physiques

    Perte d’intérêts

    Comportement obsessionnel

    Isolement

    Destruction des liens familiaux et sociaux

    Baisse du potentiel du système immunitaire : Les dysfonctionnements du système immunitaires

    Mécanismes liés à la dépendance

    Bigorexie et mécanismes d'addiction

    Drogué à la dopamine ? Shooté à l’endorphine ? Vraiment ?

    Quels sont les mécanismes qui aboutissent à la bigorexie ?

    Les neurotransmetteurs qui se libèrent dans le cerveau ne sont pas étrangers au déclenchement de cette pathologie.

    Principaux Neurotransmetteurs

    Mais attention, la nature est bien faîte. Et dans des conditions normales, des inhibiteurs synaptiques et des systèmes de recapture existent et permettent aux mécanismes endocriniens de fonctionner de façon optimale sans déclencher d’addiction. Certains neuromodulateurs sont antagonistes aux neurotransmetteurs, ce qui permet au système de rester à l’équilibre.
    Pour autant nous ne sommes pas tous égaux. Certaines personnes sont plus sensibles aux effets des neurotransmetteurs que d’autres.
    Il arrive aussi parfois que les réactions ne soient pas identiques chez tous les êtres humains et que des pathologies se déclenchent.

    3 principaux neurotransmetteurs sont impliqués

    DOPAMINE SÉROTONINE ENDORPHINE
    Précurseur

    Phénylalanine transformé en Tyrosine

     

    L-Dopa

    Tryptophane Opiacé naturel produit par la glande pituitaire

     

     

    Pro-opio-mélanocortine POMC

    Actions Système limbique : circuit de la récompense Limite les effets de la dopamine

     

     

    Analgésique

    Analgésique et anti-douleurs
    Exemples Plaisir et désir

     

     

    Attention

    Contrôle moteur

    Motivation

    Mémoire

    Sommeil

    Humeur

     

     

    Sommeil

    Comportement alimentaire

    Baisse la motilité intestinale

     

     

    Diminue la douleur

    Ralentit la fréquence respiratoire

    Accroît la relaxation

    Engendre un état euphorique

    En cas d’excès Hallucinations

     

     

    Schizophrénie

    Appelé syndrome sérotoninergique :

     

     

    Confusion mentale

    Agitations

    Rigidité musculaire

    Transpiration excessive

    Euphorie

     

     

    Extase

    Hallucinations

    En cas de déficit Parkinson Dépression

     

     

    Impatience

    Comportement agressif et colère

    Trouble du sommeil

    Baisse de l’estime de soi

    Idées suicidaires

    Au même titre qu’une drogue, l’accoutumance à l’activité physique se vérifie. Pour que les pools de dopamine et d’endorphine soient toujours aussi importants, il sera nécessaire de prolonger l’effort toujours plus longuement sous peine de ne pas ressentir ses effets euphorisants et de bien-être.

    La vidéo suivante explicite le rôle des neurotransmetteurs dans le circuit de la récompense et le mécanisme de dépendance.

    Activités physiques et bigorexie

    Bigorexie et sport

    Est-ce que toutes les activités physiques ont la capacité à déclencher une bigorexie ?
    A priori la réponse est négative !
    Comme énoncé précédemment et définit par le CERPP, il faut que l’activité soit intense, régulière et répétitive.

    1. INTENSITÉ

    La pétanque par exemple ne sera à fortiori pas un précurseur de bigorexie par manque d’intensité entre 2 dégommages de cochonnet ! Effectivement, il n’est pas évident que cette magnifique activité libère suffisamment de morphine endogène qu’est l’endorphine pour amener à l’euphorie.

    2. RÉGULARITÉ

    La régularité est le deuxième facteur qui définit la bigorexie. Qui dit addiction, dit dépendance et par conséquent un comportement orienté sur l’absence de manque.
    En effet, certaines activités, telle la course à pieds ne sont pas contraignantes, peuvent être pratiquées à n’importe quel moment indépendamment des conditions climatiques ou autres. A l’inverse, la pratique du kite surf nécessite des conditions particulières.

    3. INTERVENTION DU CORTEX ET DE SES CENTRES DÉCISIONNELS

    Un troisième paramètre très intéressant est à souligner.

    Les activités physiques qui requièrent une grande concentration et qui contraignent le cortex à des décisions ne sont pas soumises à la bigorexie.

    Neurone pré et post synaptique

    Et pour cause, le commandement et les prises de décisions du cortex cérébral prennent le contrôle sur le plaisir et le bien-être.Par conséquent, les sports où les contraintes sont nombreuses telles les sports de raquettes ou les sports collectifs, qui sont régis par des actions sous la contrainte d’un adversaire, ne sont pas concernés par la bigorexie.

    A l’inverse, la course à pied, la natation, le cyclisme, le fitness et toutes les activités répétitives où la liberté et l’absence de contraintes sont présentes, sont sujettes au développement de l’addiction.

    Que Fait-On Maintenant ?

    La vie est une question d’équilibre. Nous pourrions penser que même les activités saines pour la santé ou les produits bénéfiques à notre organisme ne présentent pas de dangerosité lorsqu’on les consomment avec excès. Il n’en est rien !
    Même pour les meilleures choses, le manque de mesure est dangereux.” Omraam Mikhaël Aïvanhov.

    Les neurotransmetteurs sont des messagers chimiques sans lesquels nos fonctions vitales ne s’orchestreraient pas. Chacun remplit une fonction subtile et essentielle.
    Robert Lustig, endocrinologue de l’université de San Francisco nous explique une chose fondamentale quant aux fonctions des neurotransmetteurs.

    En effet, dans son ouvrage intitulé The hacking of the American mind, il nous explique la différence entre le plaisir et le bonheur. Le premier, éphémère, fait appel au circuit de la récompense influencé par les sécrétions de dopamine alors que le second est diligenté par la sérotonine.

    Rappelez vous que la dopamine est nécessaire à la survie des espèces. Mais qu’un flux chronique de dopamine est destructeur pour les récepteurs dopaminergiques des neurones. En résulte une accoutumance, une dépendance. Ce n’est pas le cas pour la sérotonine.

    Alors maintenant, vous avez toutes les cartes en main, pour ne pas tomber dans l’addiction sportive et atteindre le bonheur.Connaissez-vous les aliments riches en tryptophane, précurseur de la sérotonine ? Savez-vous comment augmenter naturellement votre taux de sérotonine ?

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